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 Coxypy

Coxypy

Produit Nothomb

Publié par Candice sur 12 Octobre 2006, 13:42pm

Catégories : #Livres

            L’accent bombé d’une dame parle de pouvoir et de politique… Nous sommes arrivées à l’heure, mais les réservations sont closes. Nous avons donc rejoint la file d’attente des badauds sans réservation, une trentaine de personne devant nous. Le vaisseau spatial culturel rennais des Champs Libres reçoit en salle de conférence ce 11 octobre 2006 : Amélie Nothomb. Un public adolescent se presse aux places réservées, la moyenne d’age est lycéenne, quelques anciens sont là aussi.

 

            Née le 13 août 1967 à Kobe au Japon, elle est une écrivaine belge francophone, fille du Baron Patrick de Nothomb, ambassadeur de Belgique, elle a successivement séjourné au Japon, en Chine, aux Etats-Unis, au Laos, au Myanmar et au Bangladesh. Depuis plus de dix ans, Amélie Nothomb publie un roman par an, consacre environ quatre heures par jour à l’écriture… « On peut la trouver précieuse et pédante, on ne peut nier la vivacité de son ton, la précision du vocabulaire, l’originalité des sujets et une autodérision constante. Fascinée par la laideur et la monstruosité, elle excelle dans les portraits excessifs. » (Source : www.wikipédia.org)

 

            Nous patientons, alors que certains n’arrivent pas retenus par la pluie de Bretagne. Et cinq par dix, les badauds entrent ; je sens que je rentrerai parce que Dieu ne m’ayant tout offert, m’a favorisé sur les rencontres d’auteur ! Croire est presque valoir. Nous entrons dans l’amphithéâtre, magnifique d’architecture nouvelle, conservant le rouge et les colonnes traditionnelles. Nous nous plaçons au dernier rang du Balcon ; Amélie et la journaliste parlent déjà dans un échange d’apparence préparée. Elles sont attablées sur la scène dénudée de décors, si ce n’est ce rideau rouge théâtre, et un écran de télé devant le bureau retranscrit l’entretien.  

 

            Le pouvoir, celui des politiciens est non si puissant, celui des écrivains  de leur plume est maître et créateur… l’obsession d’être Dieu ou l’absolution de Lettres. Connaissant de son œuvre l’existence médiatique de son look,  je me souviens Les Combustibles (1994) et Stupeur et tremblements (1999). Il est question aujourd’hui du dernier paru : Journal d’Hirondelle (roman, éditions Albin Michel, 2006).

 

Elle parle du secret qui n’est parfois rien en fait, juste une décision d’en faire un secret. Puis de la métaphore remarquée d’un lecteur, elle est Urbain (personnage principal du Journal), sa maison d’édition est le poseur de contrat du tueur à gage…

 

Elle parle de la mort, et plusieurs fois ; lorsqu’elle avait sept ou huit ans, elle a prié fort toute une nuit pour que l’un de ces camarades de classe meurt, et le lendemain matin, son institutrice annonçait la mort du petit camarade.

 

Elle parle de l’hirondelle qui est entrée dans sa chambre parisienne, Amélie s’est alors mise à ressentir tout ce que ressentait l’hirondelle lorsqu’elle se cognait aux murs, réussissant enfin à la faire sortir, et non à la tuer comme son personnage le fait.

 

            Elle parle aussi au shocking audience lorsqu’on lui demande si elle a déjà mangé du cerveau : la Chine dans son enfance, le singe attaché au centre de la table, son crâne sabré, l’animal hurlant encore vivant, on lui pique le point nerveux de la douleur… Puis l’on mange. Elle connaît. Le dégoût occidental s’émeut dans la salle en un bruit culturel.

 

Sa voix a une tonalité moins tragique sur ces histoires macabres de mort et de douleur, tandis qu’elle devient quasi-pleurante lorsqu’elle évoque les normalités. Amélie parle du suicide sensoriel, où il est question d’annihiler toutes émotions et sensations. Elle l’a déjà fait.

 

            Le rythme des questions est rapidement laissées au public ; composé de jeunes ayant travaillé sur le Goncourt lycéens, elle enchaîne les interrogations travaillées et préparées. « Pourriez vous tuer pour du chocolat ? » « … Seulement des hommes en chocolat ! » Pourtant là où le bas blesse… Une voix s’élève au micro et demande comment Amélie qui est une auteure grand public, appréhende t’elle le fait de critiquer ce même grand public dans ses choix de téléréalité par exemple. La question est acide, et Amélie la récapitule pour l’écran qui ne l’a pas retranscrite. Le délire, le plus propre et presque snob commence dans un théâtre de circonstance ; « les gens sont formidables, et jusqu’ à ce qui me prouve le contraire, je pense profondément que les gens sont formidables, etc. ». Démagogie ou humanisme ? L’expression dépasse l’interrogation lorsque lourdement le mot se répète formidablement, terminant expressément sur un public « formidable ».

 

19h37, l’entretien se termine, il a commencé pile une heure auparavant… merchandising positiviste ? Amélie quitte la salle sans une séance d’autographe. Désormais les lieux communs sont évidents : meurtre(s) en début d’intrigue, le secret, Eros et Thanatos, la chambre parisienne, l’histoire dégoûtante de la culture de l’autre, le chocolat, le suicide… On y lit comme dans un livre populaire ; la cinglante porte une mitaine rouge et une mitaine noire.  

 

 

 

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